La Langue des Oiseaux est la technique de cryptage et de décryptage, donc de compréhension "en profondeur", de la langue française ; elle correspond à la Kabbale pour l'hébreu, à la Science des lettres (ilmul-hurûf ) pour l'arabe classique et à la Hiéroglyphie pour l'égyptien ancien.
Les premiers auteurs qui la mentionnèrent très précisément sous ce vocable ( Grasset d'Orcet, puis les alchimistes Fulcanelli et Canseliet, René Guénon, Emmanuel-Yves Monin ) la nomment également, avec références, Langue des Dieux (Platon), des Anges (R.Guénon qui cite le Coran XXVII.15), Langue sacrée, langue diplomatique, Cabale euphonique, phonétique, solaire, hermétique, langue des Cabaliers, Chevaliers, de Pégase, Gaie science, Gaye sçavoir, (Fulcanelli), le Lanternois (Rabelais), la Langue farcie, la « Langue grecque réservée » (Troubadour Peire Cardenal). | |
Eglise d'Es Cubells (Ibiza)
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St Jean -Tours BM - Heures - vers 1460 - CNRS | SA FONCTION ? |
Utilisée en général surtout pour « extraire l'esprit,(...) saisir la signification secrète » des ouvrages didactiques et des « sciences ésotériques »( Fulcanelli, passim), elle est considérée par Gracet d'Orcet et Emmanuel-Yves Monin comme utilisable pour percevoir la signification « originelle » de tout mot, avant leur déformation par les connotations émotionnelles et culturelles du langage « courant »; cela rejoint les concepts d'une Langue-mère (la langue universelle de Lebnitz) très recherchée depuis le XVIIIe siècle. L'ouvrage de Fabre d'Olivet, la Langue hébraïque restituée, est exemplaire en cela : il expose les bases de composition des mots de toutes langues à partir des racines hébraïques. Schwaller de Lubicz et Enel le rejoignent en montrant et la construction des mots en égyptien ancien et les racines pérennes ; respectivement dans Her Back (passim) et la Langue sacrée. | |
HISTORIQUE : | |
« Le Mystère des Cathédrales, de Fulcanelli, a remis en pleine lumière la cabale phonétique dont les principes et leur application étaient tombés dans le plus total oubli » ( Canseliet. Préface à l'ouvrage), les textes de Grasset d'Orcet, de 1882 etc. (n'étant paru en livres, et en éditions discrètes, qu'en 1979); systématiquement exposée en 1982 dans Hiéroglyphes français et Langue des Oiseaux, puis en 1993 (Traité de Réintégration des Structures de l'Existence) par Emmanuel-Yves Monin. | |
Collégiale de Saint-Yrieix-la-Perche, Haute-Vienne | « DES OISEAUX » ? |
... car basée sur le « double entendement »(auditif) de la langue française : homophonie à la fois des sonorités ordinaires, de l' « à-peu-près » dans l'audition des voyelles, et de la double prononciation de l'alphabet (b-a: ba ou bè-a : béat): à la manière des blasons et des rébus (que l'on dira, eux, « profanes »!). Cyrano de Bergerac, dans l'Autre monde, histoire des Oiseaux, en illustre très précisément l'origine; on la trouve de même dans la sculpture médiévale des cathédrales où un oiseau dicte les paroles « inspirées » aux scribes ; assimilés aux Anges (Guénon, Symboles de la Science sacrée)… | |
MÉTHODE : | |
Tous les ouvrages traitant de la Langue des Oiseaux donnent d'identiques techniques pour décrypter les mots : par étymologie classique, à partir des racines entendues en d'autres mots ; par décomposition en mots plus courts du français lui-même ( amuser = âme user) ; par racines ou mots grecs ayant des similitudes euphoniques ; ce, dit Fulcanelli, à cause de l'origine (grec archaïque des Pélasges) de notre langue (Demeures philosophales .1); par lecture, en concomitance, des sonorités de lettres exprimant un mot (P = Paix, R = air ; etc.); par étude de la séquence sonore de toutes les lettres d'un mot (Rite = hérité E), sans permutation des consonnes ; à l'aide, également, de leur symbolisme (par la Hiéroglyphie); en permutant les consonnes pour les rapprocher d'autres mots et en étudiant le sens des lettres de la modification ; parfois, par lecture inversée, pour la signification contraire ; ainsi, notaient les Troubadours, Roma est le contraire d'Amor.
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QUELQUES EXEMPLES : | |
Platon montre le parallèle entre la déesse Héra et Aer= air, erôs et êrôs (héros) dans le Cratyle.
Rabelais : Gargantua (« que grand tu as »... le gosier). Dans Rabelais, avec exemples cités par Grasset d'Orcet (Matériaux cryptographiques. 2) : Guerre des « Andouilles » = en deuil. Il fait, dit-il, intervenir également l'hébreu : Pantagruel (Pnut-gr-aul : force qui s'enfuit au moment où elle tourne le dos); Alcofribas Nasier, pseudonyme de Rabelais : Al-Cofr-Ibas-Nasier, consacré au Dieu qui expie les péchés. Fulcanelli : Au Lion d'Or (au lit on dort), Vitriol (l'or y vit), Salamandre (sel solitaire). Gérard de Sorval (Initiation chevaleresque) : au Moyen âge, a-mor (amour = sans mort), la rose (symbole de l'Eros). E.-Y. Monin : Jeu de la Mère l'Oie (amère loi) ; amuser (âme user); rossignol = signal de l'éros; cite Swift décryptant ses propres mots après avoir annoncé qu' « imprimés en caractères différents (...ils) contenaient quelque chose d'extraordinaire du point de vue de (...) la pensée » (Conte du Tonneau). On trouvera maints exemples dans les Etymologies de Isidore de Séville (VIe siécle) , éditées en 1470, dans la Chevalerie amoureuse (P. Dujols), la Chevalerie errante (A. Coia-Gatie), Chronogrammes et cabale chez les Troubadours et l'Archiprêtre de Hita (Roger Mazelier) Personnages célèbres (cités par Fulcanelli, Demeures Philosophales 1) pour l'avoir utilisée comme « pseudonymes cabalistiques »: Philaléthe (= pacifique ami de la vérité), Archélaüs ( =principe de la pierre); ajoutons : Canseliet (= quand Sel y est !) | |
St Jean - Autun BM 754-755 - Evangiles - CNRS | DES AUTEURS s'en servirent : |
Célèbres pour l'avoir utilisée dans leurs oeuvres littéraires ou leurs pamphlets : les troubadours médiévaux (du trobar cluz surtout), Cyrano de Bergerac, Swift (little talk : voir Langage secret chez Swift de J.Richer Cah. sud 344), Rabelais (voir Gracet d'Orcet), l'Archiprêtre de Hita; épitaphes et pamphlets en recèlent maints exemples (étudiés par Mazelier, Grasset d'Orcet, Fulcanelli). Exemples attestés : Maurice de Scève, Pétrarque, Antoine Bellanger, les Troubadours ou les Félibres avec les noms de leurs « dames »: Délie (V.L. Saulnier : « il s'agit de l'anagramme du mot Idée » ; E-Y Monin : celle qui délie, d'E le I). Laure (l'Or), Fleurance (Fleur en ce), Clémence Issaure (hisse or); iso-aurea = égal à l'or, dit R. Mazelier. | |
La Ampuyenta. Fuerteventura (Canaries) | HIÉROGLYPHIE : |
La Langue des Oiseaux utilisant le symbolisme des lettres de l'alphabet (forme, sens, correspondance avec un chiffre), la Hiéroglyphie lui est parallèle, car « dans chaque mot brillent de nombreuses lumières » (Zohar III 202 a, cité R.Mazelier, p.156).
Exemples : A privatif en début de mot (moral, a-moral).
H = 8 = lien haut et bas. B =2 + forme binaire; I = unité ; etc. Vérité : vers I .T (symbole de la Croix: centre et 4 éléments).
La langue française se prête en effet fort bien (et curieusement !) à une lecture double ; un exemple célèbre : l'Alphabet des Aveux de Louise de Vilmorin: ABI, GACCD, ME, OBI EWQ, REV FUI... Abbaye, abbaye/J'ai assez cédé, aimé, obéi/Et double vécu, et rêvé et fui...
D'autres exemples sur : http://pagesperso-orange.fr/jeu-de-lettres/
Un autre exemple, plus édifiant que ces « jeux de lettres », est transmis par E.-Y. Monin, via cette même double lecture des lettres (little talk de Swift): F= Feu , O= eau; R= air (« for » intérieur, en parallèle à FORT : + T= terre).
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MÉTA-PHYSIQUE : | |
... pour « la connaissance de toutes choses dans le principe même, en temps qu'essences éternelles au-delà de toute manifestation » (R.Guénon, Symboles fondamentaux de la Science sacré, VI) ; pour « se mettre en relation cosmique par le mot (l'habit de l'Idée) avec cette Idée - la quintessence , la 'substantifique moelle' » (E.-Y.Monin, Hiéroglyphes, op.cité).
Mis en rapport par ces deux auteurs (passim) avec le rythme et ses effets sur le psychisme (terpnos logos) pour « l'illumination solaire » (shems-ish-râqyah) : « toucher à l'omniprésente source originelle »... | |
ATTENTION !
La Tradition met en garde : ne pas prendre ses fantasmes, ses inter-prétations personnelles pour Paroles d' Oiseaux ! Elle illustre cela par des histoires (comme celles de G. Meyrink dans "l'Ange à la Fenêtre de l'Occident"); ou par des explications très précises ( "Lettre aux Hassidim sur l'Extase" de Dov Baer de Loubavitch )... ou par des sculptures (Maison "alchimique" de Pierrefonds). | |
La Ampuyenta. Fuerteventura (Canaries) | QUELQUES OUVRAGES sur ce sujet : |
E. Canseliet : Alchimie, Ed. J-J Pauvert, 1964 J. Canteins : la Vie des lettres (tradition cachée en Israël et en Islam), Albin Michel, 1981. A. Coia-Gatie : la Chevalerie errante, Ed. table d'Emeraude 1992 P. Dujols : la Chevalerie amoureuse, Troubadours, Félibres et Rose-croix, Ed. Table d'Emeraude, 1991 Enel : la Langue sacrée, Ed. Maisonneuve et Larose, 1968. Fabre d'Olivet : La Langue hébraïque restituée, L'Âge d'homme, 1975) Fulcanelli : Les Demeures philosophales, le Mystère des Cathédrales, Ed. J-J Pauvert, 1964 Grasset d'Orcet (1828-1900): Matériaux cryptographiques; ss nom d'éd., 1979 J. Haab : l'Alphabet des Dieux, Ed. Textes essentiels, 1979 L.Herrmann : L'Utopien et le Lanternois (Les pseudonymes et les Cryptogrammes français de Thomas More et François Rabelais), Nizet, 1981 P. Malvezin : Dictionnaire des racines celtiques, Ed. Soc. philologique, 1903 R. Mazelier: Chronogrammes et Cabale chez les Troubadours et l'Archiprêtre de Hita, Ed. de Poliphile, Ferrières, 1987 Y. Monin (Emmanuel) : - Hiéroglyphes français et Langue des Oiseaux, Ed. le Point d'Eau, 1982; avec Bibliographie - Le Traité de réintégration des structures de l'Existence (commentaire de Hiéroglyphie, de langue des oiseaux et de grammaire), Auto éd., 1993 R. Palaysi : Mystères et secrets de l'alphabet, Ed. Nizet ,1956 G. de Sorval : Initiation chevaleresque et Initiation royale, Ed. Dervy, 1985 I. Schwaller de Lubicz : Her-Bak (passim), Flammarion. | |
St Jean -Charleville-Mézières BM - 1156-1157 - Evangelium Johannis - CNRS |
UNE LETTRE… QUI RÉPOND À QUELQUES-UNES DE NOS QUESTIONS :
"En vous remerciant de m’avoir fait connaître votre site fort bien documenté, je vous suis également reconnaissant pour la confiance que vous m’accordez en me posant ces questions fort judicieuses concernant la « mode » actuelle relative à la Langue des Oiseaux.
Entièrement en accord avec vous, je note que beaucoup de ceux qui la citent, ou prétendent l’utiliser, en méconnaissent le caractère « transcendental » ; c’est souvent devenu pour certains de simples jeux de mots… où ils découvrent, bien évidemment, ce qui correspond à leurs « dadas », voire à leurs limites psychologiques. Preuve d’une méconnaissance non seulement historique, mais également cultu(r)elle de cette « technique » présente dans maintes traditions !
A quoi servent les mises au point de René Guénon, de Henri Corbin, de Fabre d’Olivet sur cette « langue des dieux », lien vertical (anaGogique), lorsque l’on veut s’amuser avec elle, en faire un système pour racler l’imagination fantasmatique et en extraire des images (concepts) anaLogiques, sur l’horizontale du psychisme ? Comme les murs lépreux (Léonard de Vinci), les tâches d’encre (Rorschach), les lunettes à facettes des hippies, utilisés, quand on s’ennuie (en nuit !), pour voir 36 chandelles à la place de l’unique flamme de bougie… ou de sa SOL-I- Tu-d-e (=l’Unité solaire qui met à mort les ex-pressions multiples de l’Etre)!
A quoi servent les mises au point de René Guénon, de Henri Corbin, de Fabre d’Olivet sur cette « langue des dieux », lien vertical (anaGogique), lorsque l’on veut s’amuser avec elle, en faire un système pour racler l’imagination fantasmatique et en extraire des images (concepts) anaLogiques, sur l’horizontale du psychisme ? Comme les murs lépreux (Léonard de Vinci), les tâches d’encre (Rorschach), les lunettes à facettes des hippies, utilisés, quand on s’ennuie (en nuit !), pour voir 36 chandelles à la place de l’unique flamme de bougie… ou de sa SOL-I- Tu-d-e (=l’Unité solaire qui met à mort les ex-pressions multiples de l’Etre)!
Oui ! toutes les Sciences des Lettres traditionnelles sont utiles (et « outils » donc !) pour ré-intégrer le Un-sans-second, le Tao, la Source, l’imaginatio vera, le Principe des principes…
Mais tout comme le Cercle le plus grand ne peut être perçu par le plus petit, mais le contient ; tout comme le Relatif est au sein de l’Absolu, … il n’en est pas moins évident que cette Langue des Oiseaux peut également servir sur tous les plans humains : pour multiplier le Multiple jusqu’au « ras-le-bol » et son débordement ! « Et du vertige né, à la manière des Derviches tourneurs, s’installe et s’instaure la Pérennité du Vécu-se-vivant », dit le Bréviaire du Chevalier.
Voie « longue « de l’Alchimie !
Alors, que des êtres se fourvoient, ou en entraînent d’autres, loin de la plus simple rigueur même d’un dictionnaire, dans l’inter-prétation subjective, compensatoire ou narcissique des mots en croyant utiliser la Langue des Oiseaux « alchimique », qu’importe !...
Ceux qui sont suffisamment perspicaces ne s’y tromperont pas : certains débusqueront même, çà et là, les plagiats textuels faits, sans la moindre référence, à mon premier ouvrage, adaptés dans une méconnaissance totale du caractère « transcendental » de la Hiéroglyphie (Hiero= sacré !) et de la Langue des Oiseaux; d’autres réaliseront que « passer du Psychologique au Réel », de la Normalité à la « Nuit des Sens », de la Tourbe à l’Or alchimique qui le contient, n’est pas affaire de « mode », n’est pas surfer sur une Technique ancestrale mise « au goût du jour », donc dé-Naturée, par des « Chercheurs » (circare= tourner en rond !), mais le dépassement de toute Technique !
Voie « courte » de l’Alchimie !
Mais tout comme le Cercle le plus grand ne peut être perçu par le plus petit, mais le contient ; tout comme le Relatif est au sein de l’Absolu, … il n’en est pas moins évident que cette Langue des Oiseaux peut également servir sur tous les plans humains : pour multiplier le Multiple jusqu’au « ras-le-bol » et son débordement ! « Et du vertige né, à la manière des Derviches tourneurs, s’installe et s’instaure la Pérennité du Vécu-se-vivant », dit le Bréviaire du Chevalier.
Voie « longue « de l’Alchimie !
Alors, que des êtres se fourvoient, ou en entraînent d’autres, loin de la plus simple rigueur même d’un dictionnaire, dans l’inter-prétation subjective, compensatoire ou narcissique des mots en croyant utiliser la Langue des Oiseaux « alchimique », qu’importe !...
Ceux qui sont suffisamment perspicaces ne s’y tromperont pas : certains débusqueront même, çà et là, les plagiats textuels faits, sans la moindre référence, à mon premier ouvrage, adaptés dans une méconnaissance totale du caractère « transcendental » de la Hiéroglyphie (Hiero= sacré !) et de la Langue des Oiseaux; d’autres réaliseront que « passer du Psychologique au Réel », de la Normalité à la « Nuit des Sens », de la Tourbe à l’Or alchimique qui le contient, n’est pas affaire de « mode », n’est pas surfer sur une Technique ancestrale mise « au goût du jour », donc dé-Naturée, par des « Chercheurs » (circare= tourner en rond !), mais le dépassement de toute Technique !
Voie « courte » de l’Alchimie !
Mais chacun fait ce qu’il peut… et il faut bien que « jeunesse se passe » : c’est ce que l’Alchimie nomme « le Jeu des Enfants » !
Donc : tout est très bi-en ! « Tout a lieu d’Etre » !
Que votre Œuvre rayonne !
Donc : tout est très bi-en ! « Tout a lieu d’Etre » !
Que votre Œuvre rayonne !
Emmanuel-Yves Monin"
Tres intéressant. je en connaissais mais me donne envie d'en savoir plus.
RépondreSupprimerMerci
Mais cet article est déjà sur le Net !
RépondreSupprimerAlors, oui! cette Langue des Oiseaux est passionnante: mais c'est surtout les textes alchimiques qui sont intéressants à décrypter ! Le mieux, d'après ce que j'en conclus depuis des années, c'est de lire Grasset d'Orcet, Fulcanelli, Fabre d'Olivet (cités)... et bien sûr, le livre de base (plagié même par certains qui n'en voient pas la teneur anaGogique!) : Hiéroglyphes français et Langue des Oiseaux, du même auteur que ce texte. Ce n'est pas un Jeu de mots, même si l'on peut s'âme -user (s'user l'âme) avec ! Mais chacun a son niveau et suit ses besoins ! Martial S.